Cette histoire commence en Février 1819.
Nous sommes vendredi soir, il est 18h30. Deux diligences, avec à leur bord de nombreux villageois, partent de Grenoble en direction de leur campement pour le week-end situé à quelques lieues de la sémillante bourgade Roannaise.
Ce petit groupe ne le sait pas encore, mais parmi les 11 membres de la communauté se cachent 3 monkey-garous qui, à la nuit tombée, pourraient bien déguster un innocent joueur d’ultimate-galette, activité sportive phare en ce début de XIXème siècle.
Lors de leur arrivée au campement, les joueurs se rendent vite compte que quelque chose cloche : avec seulement 10 couchages, tout le monde ne pourra pas dormir sur un matelas cette nuit. C’est le moment que choisit le propriétaire du campement pour informer la petite compagnie de ce fléau qui les guette. Hors de question qu’un monkey-garou ne profite d’un couchage convenable ! Le repas du soir, à base de spaghettis, œufs, crème et lardons, fut de fort bonne facture, mais chacun épiait ses comparses du coin de l’œil à la recherche d’un indice.
En effet, à la fin du souper, l’heure fatidique arriva ! A l’issu d’un vote discuté mais démocratique, il fut décidé qu’un membre de l’équipe serait sacrifié car il représentait un danger pour l’équipe. Ainsi, à minuit tapantes, Fabien fut la première victime du village. Alertés par sa pilosité grandissante, son attirance pour le Captain Morgan et mis en doute pour son incapacité à aider l’équipe sur le terrain, il fit l’unanimité.
Vendredi soir – Fabien est mort, il était Monkey-Garou !
C’est la nuit !
La compagnie s’endort. Alice semble avoir du mal à fermer les yeux. Plusieurs membres de la troupe ont du mal à trouver le sommeil à cause de bruits étranges autour d’eux qui attirent leur attention.
Au petit matin, tout le monde fut alerté par un cri d’horreur. C’était José. Il s’était foulé la cheville en faisant du café avait découvert le corps sans vie d’Eloi, déchiqueté pendant la nuit par les Monkey-Garou.
Samedi – Eloi est mort, c’était un simple villageois. Paix à son âme.
Au cours du petit déjeuner, c’est un José très ému qui prit la parole pour remonter le moral des troupes. A l’unanimité, il fut élu capitaine de l’équipe, et c’est dans un climat de suspicion général que l’équipe partit pour la grande foire régionale d’ultimate-galette.
Malgré les tensions au sein de l’équipe, la cohésion sur le terrain fut excellente, et la première confrontation de la journée contre l’équipe locale des GROUF (Roanne) se solda par une belle victoire 13 points à 2. Mais dès la pause déjeuner, on put apercevoir de petits clans se former, chacun essayant de discuter avec son voisin de ce qu’il s’était passé durant la nuit.
Pierre avait remarqué qu’Alice ne dormait pas, mais mettait ça sur le compte de la grippe. Théo raconta à qui voulait l’entendre que Raph avait fait un boucan de tous les diables pendant la nuit et qu’il était extrêmement louche, mais le principal intéressé prétextait que ce n’étaient que des légers ronflements.
Roro et Antonio n’avaient “rien entendu”, Chris et Benj non plus. Autant dire que l’enquête n’était pas près d’avancer.
Mais trêve de bavardages, place au second match. Encore une fois, les joueurs se trouvent comme à l’entraînement et enchaînent les beaux points, pour s’imposer 13 à 1 contre les Polygones Lyonnais et finir la phase aller sur un sans-faute avec 7 victoires en autant de matchs si l’on cumule avec la première phase de championnat. Autant dire que le nom de Monkey commence à résonner dans le petit monde de l’ultimate-galette !
Après un passage par la case douche, ou chacun épiait du regard les autres en espérant déceler un comportement suspect, Capitaine José prit la parole pour nous demander de rester soudés. Une énorme raclette était prévue pour le souper, et ça serait dommage de la gâcher. C’est donc avec l’esprit apaisé et joyeux que la troupe repartit en direction du gîte, même si chacun gardait dans un coin de tête le fait qu’il faudrait décider d’une personne à zigouiller avant le coucher.
Après un apéritif frugal et festif à base de guacamole, cervoise fraîche, chansons paillardes et Perudo, le repas fut servi et chacun des convives se remplit la panse pour avoir toute l’énergie nécessaire pour le lendemain.
Le dessert terminé, il était temps de débattre sur la personne qui n’irait pas se coucher ce soir. Raph décida que c’était le bon moment pour révéler ce qu’il avait vu au cours de la nuit : la silhouette de Roro était passée devant sa porte, chemin idéal pour aller assassiner Eloï, sans doute pas une coïncidence.
Roro se défendit en prétextant être simplement allé “se débarrasser du surplus de raclette”, mais cet alibi ne rencontra pas un franc succès. José, toujours perturbé par le décès la nuit précédente de son collègue hispanophone, ne savait pas ou donner de la tête.
Le vote populaire donna néanmoins le résultat auquel on pouvait s’attendre, et Roro fut enfermé dehors dans la nuit glaciale.
Samedi soir – Roro est mort (de froid), il était Monkey-Garou !
Plus qu’un Monkey-Garou à tuer ! L’équipe était aux anges, mais avant de se coucher, José expliqua que d’après lui, les Garous étaient surtout des personnes à la voix grave, et pas forcément des mangeurs d’homme. Autant vous dire qu’on avait pas affaire à une lumière et qu’il n’allait pas être d’une grande aide pour traquer les méchants !
Après une nouvelle nuit agitée dans la chaumière, le premier levé fut Alice, et quelle ne fut pas sa surprise de découvrir deux cadavres dans la cuisine !
Dimanche – José est mort, il était capitaine, sorcière noire, et s’est buté tout seul dans un faux mouvement. Autant dire qu’il était vraiment nul.
Raph est mort, il était la voyante.
Devant cette hécatombe, les survivants (Alice, Pierre, Théo, Chris, Antonio et Benj) décidèrent lors d’une réunion exceptionnelle que Pierre serait le nouveau capitaine de la troupe. Les corps sans vie furent enterrés dans le jardin, et l’équipe quitta ce logement pour de bon afin de poursuivre le sans-faute en championnat.
Mais avec seulement 6 joueurs, cela serait-il possible ?
Étrangement, oui. Le jeu pratiqué par les Monkey était si fluide et propre que l’équipe, non sans mal, pratiqua un ultimate de toute beauté dans chacun de ses matchs de la poule haute en ce dimanche pluvieux !
Après un début de match laborieux ou les Fumble de Saint-Étienne menèrent rapidement 3 à 1, le passage en force middle étouffa totalement l’attaque stéphanoise, et les Monkey finirent par s’imposer 9 à 3.
Puis ce fut au tour de GROUF (Roanne) de subir la domination des Grenoblois pour la seconde fois en deux jours. Le match fut plus serré et intense que la veille, mais le score final de 13 à 6 pour les Monkey fut sans appel.
Enfin, le dernier match du week-end opposait les singes Grenoblois aux Dahus d’Annecy, dans ce qui constituait la grande finale, puisque le vainqueur du match serait sacré champion régional.
Et dans un match de très haut niveau ou les deux équipes se rendaient coup pour coup, ce sont finalement les Monkey qui ont eu le dernier mot : 10 points à 6, et une 10ème victoire en 10 matchs pour signer un perfect sur cette poule de DR2.
Pour que le week-end se termine en beauté, il ne restait plus qu’à trouver le dernier monkey-garou. C’est alors qu’Alice sortit de sa tanière et révéla qu’elle était la petite fille (quelle surprise) et qu’elle avait pu apercevoir Chris la nuit précédente, se faufilant à toute vitesse (comme d’habitude) dans la chambre de Raph pour le tuer dans son sommeil.
Avant de repartir de Roanne, Chris fut donc lapidé à coups de frisbee sur le parking.
Dimanche soir – Chris est mort, il était Monkey-Garou !
Et c’est après un trajet retour dans une diligence bien moins peuplée qu’à l’aller que la compagnie atteint finalement Grenoble au crépuscule, fatiguée mais auréolée du titre de champion régional, sans oublier une superbe victoire contre les Monkey-Garous !
Par Raphaël